Sunday, September 4, 2016

Téléphoner à Babouchka

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Publié le 25 janvier 2009 à 12:54


Téléphoner à Babouchka


La Géorgie a longtemps été à l’avant-garde du cinéma soviétique. Un 7e art créatif, innovant et délicieusement subversif. Etabli à Tbilissi, Christian Zeender, en a été un témoin privilégié. Producteur au côté de Christian Defaye de la mythique émission «Spécial cinéma», il avait alors rencontré Otar Iosseliani, l’un des très grand nom du cinéma géorgien, aujourd’hui expatrié à Paris. Un tournage épique, des bobines de films échappant miraculeusement à la censure et à la surveillance permanente d’un accompagnant prétextant téléphoner pour prendre des nouvelles de sa babouchka, sa grand-mère malade, le nom de code pour désigner un agent du KGB.
Rencontre Defaye-Zeender-Iosseliani (extrait de "Spécial cinéma", 1977)


Mémorable nuit d'ivresse
Une nuit d’ivresse mémorable saura faire tomber les réticences de l’infortuné espion à ce que l’équipe emporte la séquence à Genève. Dans l’interview accordée à «Spécial cinéma», Otar Iosseliani avait qualifié la nomenklatura soviétique de «petits-bourgeois conformistes». Diffusé sur la Télévision Suisse Romande à l’automne 1977 le document avait eu un impact considérable. Et, paradoxalement, le blanc seing et la  totale considération de l’attaché culturel de l’ambassade d’Union soviétique à Berne. «Le style humoristique pas du tout conventionnel de Ionssaliani horrifiait les apparatchiks du cinéma soviétique», raconte Zeender, grand connaisseur du Caucase et de la Russie.

Le premier film de Iosseliani, «Il était une fois un merle chanteur», avait marqué les esprits. Le portrait d’un jeune musicien multipliant les conquêtes féminines au Conservatoire de Tbilissi ne correspondait pas tout à fait au schéma du "héros positif soviétique" de l’époque», s’amuse Christian Zeender.

Deux Oscars suisses

Chef de la section cinéma de 1984 à 1992, il n’est pas peu fier des deux Oscars du meilleur film étranger remportés à Hollywood sous son règne, par deux long-métrages suisses: «La Diagonale du fou», avec Michel Piccoli et «Voyage vers l’espoir», film remarquable retraçant la tragédie des Kurdes traversant clandestinement la frontière suisse. «Je regrette que mes successeurs n’aient pas profité de ces distinctions pour donner une aura internationale au cinéma suisse.» En pleine tourmente, Nicolas Bideau, l’actuel Monsieur Cinéma helvétique, appréciera.



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